20110926

Le coin de la comportementaliste

Vous trouverez dans ce chapitre de nombreux articles liés au comportement de votre Landseer. Ayant estimé qu'il est inutile de nous improviser auteurs dans ce domaine spécifique, nous l'avons confié à une professionnelle, Laurence Bruder Sergent, formatrice et comportementaliste.
Bonne lecture !

1. Comment expliquer les problèmes de comportement ?
2. Méthodes éducatives et redresseurs de torts
3. Mon chien est un prédateur
4. Quelles distractions pour mon chien ?
5. Il choisit ses partenaires 

6. La race n'explique pas tout
7. La solitude
8. Le stress
9. Il a fait ses besoins chez nous
10. Enfin les beaux jours !
11. Le chien et la laisse
12. Éduquer les enfants
13. Personnes âgées et chiens
14.Quand petit et grand cohabitent
15. En vacances avec vous
16. De nos désirs ... à la réalité !
17. Quel cadeau offrir à son chien pour Noël ?
18. Un petit jeu pour Noël
19. La place du chien dans la société actuelle et sa communication avec les hommes 
20. Mon conjoint ne veut pas de chien
21. Rentrée scolaire: le chien n'apprécie pas forcément
22. Il est déstabilisé



1. Comment expliquer les problèmes de comportement ?

Les comportementalistes qui cherchent à comprendre les raisons des comportements non souhaités des chiens, s’intéressent à plusieurs origines possibles. 

En premier lieu, il s’agit de rassembler le maximum d’informations sur le passé du chien. Quelles ont été ses conditions d’élevage ? A-t-il eu la possibilité d’expérimenter différents stimuli ? De faire les rencontres et les apprentissages souhaitables pour devenir un futur chien équilibré ? Malheureusement, ces informations ne sont pas toujours accessibles en totalité, car l’histoire du chien n’est pas forcément connue de ses propriétaires. Il faut alors chercher et envisager d’autres explications possibles dans l’environnement et le contexte de vie du chien, et en particulier dans son milieu familial.

Nous chercherons, par exemple, à nous assurer que les reproches qui sont faits sont justifiés. A titre d'exemple, si l’animal à qui on reproche d’être ingérable est un représentant d’une race à tendance très sportive mais qu’il n’est pas assez promené par ses maîtres, on proposera à ceux-ci de lui permettre de se dépenser davantage. Quelques réajustements suffisent à alléger les tensions, dans des cas comme celui-là, quand de simples incompréhensions mutuelle altèrent provisoirement les relations entre Homme et Chien.

Un échelon au dessus

Mais si le chien a des attitudes extrêmes lorsqu’il est laissé seul, que ce soit en émettant des vocalises, en détruisant tout ce qui passe à sa portée dans l’habitation ou en faisant ses besoins, c’est visiblement parce qu’il ressent une grande détresse. Celle-ci ne peut se résoudre avec deux ou trois conseils sommaires. De la même manière, si un chien est agressif envers les humains, ses propriétaires ou des inconnus, s’il a des peurs qui l’empêchent de vivre sereinement, un suivi personnalisé s’avère alors indispensable pour aider les maîtres à solutionner cette problématique.

L’environnement est déterminant

Au même titre que les conditions de développement, la pression façonnante de l’environnement dans lequel est placé l’animal est à examiner en priorité, car c’est d’abord dans son contexte de vie que se trouve l’origine de bon nombre de problèmes. Ce sont en effet les comportements des maîtres, le rythme de vie, les habitudes, les contraintes inutiles, les pressions qu’ils imposent (parfois de manière tout à fait involontaire), qui font que certains individus canins n’arrivent pas à s’adapter.

Si, pour comble de malchance, les conditions de développement du chiot n’ont pas été optimales, tout est réuni pour que l’animal exprime des comportements non souhaités. Souvenons-nous que les premières semaines sont déterminantes pour tout le reste de la vie du chien: toutes ses acquisitions (bonnes ou mauvaises) auront des conséquences sur sa manière de faire face aux différents évènements qu’il rencontrera. Un environnement apaisant a des vertus sécurisantes qui rassurent et réduisent les angoisses de bon nombre de chiens.

Age et comportements

Comme nous l’avons vu, le contexte de vie de l’animal a une forte influence sur son comportement. Néanmoins, l’environnement et les conditions de développement ne peuvent pas être les seuls éléments à prendre en compte, l’âge de l’animal étant aussi déterminant. Pour les personnes qui ont déjà eu l’occasion de voir grandir un chiot dans leur foyer, certains souvenirs, des plus ou moins grandes bêtises du « petiot » en plein devenir, sont parfois douloureux.

Depuis le chiot qui mordille tout ce qui passe à sa portée (objets précieux ou/et utilisés quotidiennement) jusqu’à l’adolescent beaucoup plus intéressé par son statut auprès de ses congénères que par ses maîtres, en passant par le jeune qui cherche à se positionner dans le groupe et n’apprécie pas de se conformer à l’autorité … La vie des propriétaires d’un jeune chien n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

Ne pas aller trop vite dans l’interprétation 

De là à qualifier les comportements agaçants (certes) de troubles du comportement, il y a une déformation des  faits qui ne peut pas être faite consciencieusement. En effet, il est bien normal pour un individu juvénile de passer par différents stades, qui font justement partie de sa croissance.

Comme un chiot pourrait-il apprendre à être propre, s’il ne fait pas l’expérience de ce que l’on attend de lui ? Comment apprendrait-il qu’il ne doit pas tout prendre en gueule s’il ne passe pas par l’apprentissage que l’on ne le souhaite pas ? Comment apprendrait-il à bien vivre avec les humains et les chiens s’il ne vit pas concrètement les situations ?

Attendre de lui qu’il soit vite grand 

Nous avons tendance à être trop pressés, à s'attendre à avoir un chien calme, mature et obéissant dès son arrivée à la maison, mais cela n’est pas possible. Il doit évoluer, apprendre et traverser différents phases. nous ne pouvons que l’accompagner. Mieux vaut éviter de réprimander les comportements désagréables, et plutôt prendre les précautions qui s’imposent pour lui donner ce dont il a besoin afin de se construire sereinement: des règles de vie dans la maison, de l’exercice (adapté à sa taille, sa croissance, son âge, ses besoins), de la patience et de la cohérence. Une fois le développement précoce terminé, l’adulte est enfin posé, agréable à vivre et équilibré, à condition que les bases solides aient été données auparavant. Dans le cas inverse, il sera tout aussi ingérable qu’un jeune chien fou !

Le chien âgé

Quelques années plus tard arrive le moment de la vieillesse. Comme chez tous les êtres vivants, la patience fait défaut aux vieux chiens, l’irritation gagne et déborde plus ou moins vite, les douleurs physiques peuvent grandement le perturber. N’oublions pas que les chiens aussi ont leur lot de tensions et qu’ils doivent faire face du mieux possible, selon l’âge et l’état de leurs organes.

Ainsi, avant de qualifier des attitudes de « problèmes de comportement », voire de « pathologie comportementale », intéressons-nous à l’intégralité des éléments utiles à une bonne compréhension, sans négliger la question importante de l’âge des individus en présence.

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2. Méthodes éducatives et redresseurs de torts

Les méthodes de dressage ou de contrôle du chien sont nombreuses. Tout le monde a un avis sur la question, même ceux qui n’ont jamais eu de chien.

Que vous demandiez leur point de vue à votre voisin, votre boulangère, ou votre beau-papa, vous entendrez souvent autant de variantes que de personnes. La version « Montrer au chien qui est le maître » étant tout de même celle qui revient le plus souvent.

Néanmoins, avant de « soulever et plaquer votre chien au sol » comme l’a conseillé récemment une professionnelle, qui n’a de spécialiste que le nom, à une propriétaire alsacienne d’un jeune chien, je propose que l’on réfléchisse un peu à quelques notions élémentaires, pour envisager les rapports à son chien sous un autre angle de vue.

Le dernier refuge de l’incompétence

Si l’on admet que l’Homme est l’espèce la plus intelligente, comment peut-on accepter de retourner à l’âge de pierre en ce qui concerne nos relations avec les animaux ? La violence est le dernier refuge de l’incompétence, disait Gandhi. Alors pourquoi croit-on encore qu’il n’y a que par la force que l’on obtient la coopération d’un chien ? Si l’on tente d’être un peu rationnel et organisé dans nos méthodes, ne peut-on admettre que si une stratégie n’est pas productive, il faut en changer ? Si les coups, les cris, la force, la contrainte, le dressage, la soumission n’amènent pas votre chien à vous respecter, il serait peut être temps d’essayer autre chose.

Super Nanny, un exemple à adapter ?

Le décès de Cathy Saraï* en janvier 2010 a été l’occasion de rediffusion de ses nombreuses émissions. Honnêtement, pour ceux qui les ont vues, n’avez-vous jamais été agacés par certains gamins que l’on nous montrait à l’écran ? Pourtant, la professionnelle des enfants n’a jamais cédé à la colère ou à la force physique. Cet exemple de manières pourrait être adapté en tenant compte de la nature des chiens: certes, on ne pourra pas verbaliser et leur expliquer pourquoi ils sont punis.

Par contre, nous sommes en mesure de leur signifier par nos comportements qu’ils n’ont pas le pouvoir de nous mettre en colère, que nous ne cèderons pas à leurs agitations, que nous restons calmes, que nous sommes inflexibles et ne nous laissons pas modifier par eux. A condition de le vouloir et de ne pas céder à l’énervement. Veillons d’abord à nos propres attitudes, avant de vouloir imposer aux chiens de bien se comporter. C’est cela qui nous grandit, pas la soumission de l’autre par la manière forte.
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*: née en 1962 à Tunis , C. Saraï arrive en France en 1979 - après un certificat d'aptitude professionnelle de la petite enfance et un diplôme d'auxiliaire puéricultrice, elle a mis en pratique ses connaissances en participant à l'éducation des enfants de riches familles du Moyen-Orient - C. Saraï est devenue à partir de 2005 une figure bien connue de la télévision française grâce aux conseils qu'elle délivrait à des parents dépassés par leurs enfants.


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3. Mon chien est un prédateur

Même s’il partage notre canapé, qu’il connait les membres de la famille, et qu’on le soigne avec tous les égards nécessaires, notre chien reste un prédateur.

La prédation est un instinct naturel et irrépressible. L’animal prédateur poursuit tout ce qui se déplace rapidement, qui court, roule, etc. Lorsqu’il a saisi sa proie, il la secoue pour lui briser les cervicales, lui comprimer la carotide et l’étouffer. Vous voyez peut-être votre chien faire la même chose, lorsqu’il martyrise sa peluche dans tous les sens.

Une question de motivation ou un acte instinctif ?

A l’état sauvage, c’est la faim et les traces olfactives qui stimulent le prédateur: il cherche une proie pour se nourrir, et mettra toutes ses ressources en action pour y arriver. Pour nos chiens domestiques, qui n’ont plus besoin de chercher eux-mêmes leur nourriture, il en va autrement: l’appétit n’est plus le moteur principal de leurs comportements de chasse.

Le manque d’activités dans la journée, une sélection de l’Homme qui a créé certaines races dans le but d’être aidé à la chasse, la prédisposition de certains individus qui a été accentuée par des expériences bénéfiques, sont des éléments à envisager, en sus de l’acte instinctif de poursuite.

Plus ou moins chasseurs

Certains sujets sont beaucoup plus aux aguets que d’autres, et le moindre mouvement les stimule. Un cycliste qui passe sous ses yeux, une balle qui est lancée au loin, un hamster dans sa cage, et voici notre chien familier transformé en prédateur. Une propriétaire m’a d’ailleurs demandé comment faire avec son chien qui poursuit les chats jusqu’à les tuer (mais pas les manger). D’autres individus, au contraire, restent observateurs devant les enfants qui s’agitent, les motos qui passent sous leurs truffes, et ne bougent pas un cil malgré les stimulations sensorielles.

Peut-on faire quelque chose pour empêcher la prédation ?

En habituant très tôt le chien qui va vivre avec des animaux-proies à ses côtés, on peut réduire les comportements de poursuite et de mise à mort. De même, en se promenant le long des pistes cyclables quand il est encore jeune, en le gardant à l’attache, on lui apprend à ne pas s’attaquer aux vélos. Malheureusement, on ne peut jamais être sûr à 100 % que le chien ne repassera jamais en mode « prédateur » un jour. La meilleure stratégie reste la prévention: si votre animal a cette tendance à pourchasser ce qui l’entoure, gardez-le en laisse à l’extérieur, et protégez les animaux de l’intérieur avec des barrières.

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4. Quelles distractions pour mon chien ?

Si vous vous souciez de la meilleure manière d’occuper votre chien, voici quelques éléments vous permettant de proposer des activités qui lui plairont.

Un chien dont on ne s’occupe pas s’amoindrit vite, devient très (trop) calme, voire apathique, dort beaucoup. Envisageons donc, selon l’âge de votre animal, son besoin en terme de distractions.

Chiot de moins de 6 mois

Une fois votre chiot chez vous, votre travail de socialisation et d’accompagnement de sa croissance commence. Vous devez être présent pour lui, l’aider dans ses premiers apprentissages, lui faire vivre de belles expériences en dehors du domicile et veiller à l’habituer à la vie à vos côtés, sans pour autant créer de peurs. Il lui faudra, bien sûr, des jouets avec lesquels passer le temps, apprendre à contrôler ses mouvements de pattes, ses accélérations de rythme et ses morsures.

Chiot de plus de 6 mois

Normalement, à cet âge, votre compagnon a appris grâce à vous qu’il devait se retenir pour faire ses besoins plus tard, qu’il ne doit pas mordre fort, ni aboyer sans cesse. Il a mémorisé que certains chiens sont des amis et d’autres … à éviter. Il connaît les animaux du foyer s’il y en a, les personnes qui font partie de son entourage. Il devient peu à peu pubère, et a grand besoin de courir, japper, sauter, explorer olfactivement et physiquement son espace. On lui proposera donc des parties d’exploration, de défoulement, de mâchouillements, et des promenades pour lui permettre tout cela. Attention toutefois à éviter les jeux de « corps à corps » et tous ceux qui le surexcitent au point de ne plus se calmer avant de longues minutes ou de devenir ingérable.

Adulte

Devenu adulte, votre chien modère mieux ses comportements, n’a plus autant de besoins de courses qu’auparavant. Par contre, il apprécie toujours d’être en votre compagnie, de découvrir de nouveaux lieux, de flairer partout, de se promener dans la nature. Certains restent très curieux et dynamiques, on pourra donc leur proposer des passe-temps astucieux qui stimulent leur intelligence, les occupent sans les énerver indéfiniment.

Chien âgé

Quant à l’animal qui prend de l’âge, il faudra penser à respecter son vieillissement ou sa curiosité juvénile toujours présente. Loin de le soustraire à toute stimulation, on lui proposera des occupations qui lui plaisent vraiment: mastication de nourritures spéciales, observation des passages dans la rue depuis la baie vitrée, sieste au soleil, poursuite (souvent inefficace ...) des rongeurs dans le jardin, promenade à son rythme dans la nature, etc.: il y a encore beaucoup à faire pour un senior !

Bien entendu il faut moduler toutes ces propositions en fonction de l’état de santé, de développement, de la morphologie, le poids du chien, son tempérament et ... ses goûts !

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5. Il choisit ses partenaires

Notre chien est un animal social, ce qui signifie qu’il a besoin de rencontres avec autrui pour être pleinement comblé.

Ce que nous oublions par contre, ou que nous ne comprenons pas toujours, c’est que notre compagnon a des préférences. On peut observer qu’il est sociable avec les autres chiens, mais cela ne signifie pas qu’il est ami avec tout le monde. Il choisit ses partenaires selon des affinités ou des inimitiés qui lui sont propres. Peut-être avez-vous déjà constaté que certains individus déclenchent une volonté d’évitement de votre compagnon, quand la vue d’autres chiens le met en joie. Des éléments aussi variables qu’une ressemblance morphologique, un niveau de vitalité similaire, une tranche d’âge proche, une proximité géographique ou une imprégnation précoce (même entre espèces différentes) ont leurs parts dans ces choix.

Le choix des partenaires

Un autre point est important à souligner: l’humain ne peut pas décider à la place de son chien qui doit lui plaire ou pas, qui sera son partenaire de jeu ou son ennemi. Ainsi, nous aurions bien envie de faire une promenade avec une connaissance et son chien, mais malheureusement, Rex et Médor ne s’entendent pas. Par contre, il apprécie grandement le chien du cousin que nous ne supportons pas ! Il est aussi possible qu’il soit attiré par des animaux que l’on préfèrerait qu’il évite …

Nous l’avons souvent lu, ce sont les bonnes conditions de développement précoce des chiots dès leur naissance qui leur permettent de faire face sans heurt à un certain nombre de stimulations. Ainsi, s’ils ont été familiarisés aux chats, aux humains, à d’autres espèces ou socialisés aux chiens différents d’eux-mêmes physiquement, ils seront prêts à rencontrer ceux-ci sans que cela déclenche de réticence ou de peur.

Amis pour la vie ?

Une autre situation peut parfois s’observer entre deux chiens: ils acceptent de partager la même gamelle de nourriture, mais pas la balle lancée par le propriétaire, le morceau de bois trouvé en forêt, mais pas les caresses de leur être d’attachement humain. Ils peuvent s’amuser durant des années, et s’accrocher un jour sans qu’on ait compris pourquoi. On peut penser que certains éléments ont plus d’importance que d’autres, et c’est aussi cela qui nous rappelle, quand nous l’oublions, que nos chiens sont prévisibles dans certaines circonstances … mais gardent une part de libre-arbitre !


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6. La race n’explique pas tout

Son pedigree n’est pas tout: le chien est un être vivant, sensible, qui a des émotions, une histoire, un passé, un caractère propres.

Façonnés par leurs gênes tout autant que par les expériences vécues, on sait que les évènements de la vie modifient les comportements, même chez des individus de même type. L’exemple le plus parlant est celui du chien de race qui est différent de tous les précédents. C’est déstabilisant pour les propriétaires qui ont eu plusieurs chiens de cette même race, ou de l’élevage ou du refuge qu’ils connaissent depuis toujours, de se trouver soudain face à une « exception », par comparaison avec ce qu’ils avaient connu jusque là. En réalité il s’agit simplement d’une autre individualité, d’un animal qui a son caractère particulier, qui prend l’ascendant sur les traits généralement observés dans la race.
 

Par référence, nous pensons que puisque tous les Chihuahua/Labrador/Saint-Bernard que l’on a eus jusqu’à présent étaient faciles à vivre, un « rebelle » qui arriverait dans la famille … représenterait une anomalie incompréhensible, donc inquiétante.

Quid de l’inné ou de l’acquis ?

L’humain a besoin de se rassurer en identifiant et en catégorisant clairement les éléments, dans un ordre qu’il détermine auparavant. La classification des chiens en différents groupes fait partie de cette logique. Pourtant, il est important de considérer chaque individu comme une entité à part entière, et pas seulement comme un chien de telle ou telle race. Car son patrimoine génétique, s’il est considérablement impliqué dans le comportement, n’est pas le seul responsable de ce que l’animal développe au fil du temps. Tous les apprentissages qu’il aura faits depuis sa naissance l’auront modifié et feront que, à cause de (ou grâce à) ce qu’il aura expérimenté, il ne sera pas le même que son frère, son père ou son cousin.

Les traits propres à une race ne sont pas tout

Les situations négatives, douloureuses, voire anxiogènes que le chien pourra avoir vécues, laissent des souvenirs qu’il est plus ou moins facile de gommer. Mais il n’y a pas que les traumatismes qui tracent un profil émotionnel particulier: les bonnes expériences y participent aussi, heureusement. Par exemple, si un chien a développé une relation proche avec un chat, il aura moins de mal à accepter un nouveau venu dans la famille que si, au contraire, il n’en avait jamais connu.

Finalement, la leçon à retenir est qu’on ne peut pas savoir à coup sûr vers quoi on s’engage en adoptant un chien. En faisant une bonne analyse initiale et en étant attentif à la réalité éthologique, on limite largement les risques de surprise.

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7. La solitude

Il nous est habituel de lister les avantages et inconvénients que notre chien apporte dans nos vies. Mais lui, comment vit-il le quotidien que nous lui proposons ?

Attristées par les conditions de vie de certains chiens dans leur entourage, plusieurs personnes m’ont fait récemment part de leurs inquiétudes quant à la santé mentale de ces animaux. On peut, en particulier, compatir avec ceux qui sont laissés durant des heures interminables tous seuls, tous les jours. Qu’ils soient attachés dans la cour, enfermés dans l’habitation, livrés à eux-mêmes dans le jardin (parfois avec un autre animal) revient au même: ils sont sans présence humaine pour une période plus ou moins importante. Les propriétaires diront légitimement qu’il faut bien travailler, qu’on ne peut pas rester à la maison tout le temps, juste pour garder le chien !

Conséquences d’une solitude permanente

Le chien étant un animal social, il s’accommode mal de l’absence de ses êtres d’attachements, du manque d’occupations, de la pauvreté dans son environnement quotidien. De ce fait, la privation de stimulations amène de nombreux problèmes de comportements (aboiements incessants, destructions, malpropretés et de nombreux autres), un émoussement ou, au contraire, une exacerbation émotionnels qui feront que le chien réagira très fort à une stimulation banale ou pas du tout à une autre plus importante, une suppression ou augmentation des réactions mais aussi une apathie, une attitude amorphe, un vieillissement prématuré, et même des problèmes de santé. On voit bien que les conséquences peuvent être graves pour lui.

Violences invisibles

Je propose que l’on se demande ce que peut vivre l’individu confronté ainsi à de telles conditions de vie. Il suffit de s’imaginer laissé 12 heures tout seul dans sa chambre tous les jours, sans aucune distraction, aucun moyen de communication … Dans cette relation entre l’humain et le chien placé dans un tel vide, il n’y a pas de « bientraitance », au contraire. Au risque de choquer quelques uns, je dirai qu’il vaut parfois mieux ne pas prendre de chien, si c’est pour leur faire endurer de telles conditions de vie.

Mieux vaut installer des alarmes plutôt que de partir toute la journée en laissant le chien de garde qu’on abandonne sans interaction. Il n’est pas souhaitable de prendre un chien si on ne peut pas s’en occuper, ni respecter sa nature, ses besoins éthologiques, sa réalité.



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8. Le stress

Nous ne le mesurons pas toujours, mais nos chiens ressentent du stress, à leur manière.

Plusieurs sources peuvent générer du stress chez un chien: la nouveauté dans l’environnement (e.g., l’arrivée d’une personne ou d’un animal, un changement d’habitation ou de rythme de vie, voire de nourriture ou de lieu de repos), une incertitude quant à deux propositions et qu’il n’arrive pas à choisir, le conflit (autour de lui ou avec un autre membre du système familial), la frustration (de ne pas avoir suffisamment de sorties, ou de rencontres avec des congénères ou d’occupations dans une journée).

L’agitation ressentie peut avoir une valeur aussi bien négative que positive ! L’excitation du départ en promenade qui s’annonce est une forme de perturbation, même si elle présage d’un moment qu’il apprécie. Lorsque le stress est de longue durée ou qu’il se répète très fréquemment, les conséquences peuvent se porter sur le mental, le comportement et la biologie de l’animal, comme chez les humains.

Que peut-on faire ?

Considérons la problématique d’une émotion désagréable pour le chien. Chaque fois que vous constatez qu'il n’est pas à l’aise (il est anormalement immobile, éventuellement pris de tremblements, salive et halète, sent très fort, déambule dans l’habitation, ne trouve pas de place où se poser, …), vous pouvez lui proposer une activité de substitution. L’idée est de le distraire afin qu’il se concentre sur autre chose, voire qu’il passe d’une période inconfortable à une distraction plaisante. Le jeu avec son propriétaire peut être une bonne alternative, comme une longue promenade dans la nature, si sa santé le permet, ou un jouet à mâchouiller.

Le stress fait partie de la vie

Force est de constater qu’il n’est pas possible de soustraire notre chien à toutes les formes de stress, comme c’est le cas pour nous. Il y a toujours une raison pour les humains de se sentir sous pression, c’est aussi son cas. Parfois, c’est notre lenteur à arriver qui lui occasionne des perceptions négatives, ou l’environnement que nous lui proposons qui ne correspond pas tout à fait à ses besoins. Évoquons aussi quelques exemples du quotidien auxquels on ne pense pas toujours: le facteur qui s’obstine à revenir tous les jours malgré ses avertissements, le chien du voisin qui aboie contre lui dès qu’il passe devant sa clôture, le chat qui cavale sous sa truffe, les gâteaux qui attendent un consommateur (mais pas lui !) sur la table durant des jours, … il y a de quoi en avoir plein la truffe ! Je le repète souvent, de bonnes conditions de développement auront fourni à notre chien les outils psychologiques, cognitifs et adaptatifs pour faire face aux aléas de sa vie future, et particulièrement pour qu’il mette ses ressources en œuvre pour surmonter un moment difficile.

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9. Il a fait ses besoins chez nous

Qu’il est détestable de rentrer chez soi et de trouver une trace laissée par Médor sur notre beau canapé !

Avant de perdre son calme, il y a lieu de se demander ce qui a pu se passer pour que notre chien, d’habitude parfaitement propre, se soit lâché aujourd’hui. L’aspect de la déjection, si elle paraît anormale par rapport à d’habitude, nous permettra de constater qu’il était dérangé. Le vétérinaire pourra alors être contacté pour s’assurer que les choses rentrent dans l’ordre rapidement.

Où, quand, pourquoi ?

Toujours dans l’optique de mener notre enquête, on s’intéressera à la localisation du « délit ». La signification ne sera pas la même s’il a fait ses besoins devant la porte de sortie, dans la chambre à coucher de l’enfant ou sur le fauteuil préféré de ses maîtres. On trouvera un début d’explication et, pourquoi pas, des circonstances atténuantes à l’animal selon les cas, par exemple en cas de dépassement de ses horaires de sortie.

Le moment aussi a son importance: Médor a-t-il été perturbé ? Ses repères spatio-temporels ont-ils été chamboulés récemment, un nouveau membre vient-il d’arriver dans la famille ? Y avait-il un orage violent, des travaux dans l’immeuble, un camion qui passait bruyamment dans la rue ? Autant de possibilités qui peuvent générer des éliminations émotives: contrariété, frustration, solitude, détresse, inquiétude, … ce qui nous parait être un détail peut revêtir un aspect conséquent pour un chien qui n’y est pas préparé ou qui est émotionnellement fragile.

Comment et dans quel but ?

Parfois, certains chiens doivent avoir recours à de véritables stratégies pour aller au bout de leur intention. Utiliser un obstacle pour monter plus haut et atteindre la table sur laquelle déféquer, sortir la chaussure du meuble dans laquelle uriner, ouvrir la porte de la pièce fermée pour accéder au lit, … ils ne se découragent pas facilement. D’autre part, dans le cas de propriétaires partant de longues heures, ils ont le temps de mettre en œuvre différents essais pour arriver à leurs fins !

Il y a toujours une explication à ce comportement éliminatoire indésirable. Mais cette raison n’est pas toujours accessible aux humains (sauf dans le cas d’un problème de santé) qui ne raisonnent pas de la même manière. Outre les hypothèses indiquées plus haut, il peut encore s’agir de déstabilisation ponctuelle amenant à une perte d’équilibre émotionnel de l’animal, de frustration de ne pas avoir obtenu ce à quoi il s’attendait, ou de contrariété de voir son propriétaire s’en aller, entre autres ! En tous les cas, si l’on part du principe que tout comportement a valeur de message (conception défendue par l’école de communication de Palo Alto), il ne faut pas sanctionner avant d’avoir suffisamment porté son attention sur les causes possibles, surtout si elles se répètent. Lui mettre le nez dans ses excrétions vous défoulera peut-être, mais c’est un acte de brutalité inutile envers l’animal, qui ne saisit rien à ce geste. Mieux vaut essayer de comprendre, pour éviter la répétition et apaiser l’animal en difficulté.


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10. Enfin les beaux jours !

Depuis quelques semaines maintenant, les promenades au grand air sont à nouveau d’actualité.

Pour des heureux propriétaires, les sorties avec leur chien riment avec le plaisir de la communion avec la nature, les rencontres avec d’autres promeneurs et les partages de jeux avec leur animal.

Joies ou cauchemar ?

Malheureusement, il en est d’autres, pour qui ce moment est un vrai cauchemar. Entre Milou qui tracte son maître de toutes ses forces (au risque de lui occasionner des douleurs), Médor qui vocifère contre tous ceux (humains et animaux) qui entrent dans son champ de vision, Rantanplan qui cherche à poursuivre les véhicules à moteur et les cyclistes, et Cubitus qui s’échappe dès qu’on lui enlève sa laisse, il faut avoir les nerfs solides ...

Cela s’apprend

Il peut être difficile de s’en rendre compte, mais une balade paisible, pour un chien, cela s’apprend. La laisse, par exemple, ne représente aucun référentiel pour lui, il doit se familiariser avec le collier et l’attache dès son plus jeune âge pour vivre avec, sans stress excessif par la suite. Il y a aussi les bords de route si bruyants au passage des voitures et si étroits lorsque l’on croise quelqu’un d’autre. N’oublions pas non plus les grandes étendues dont on n’autorise pas l’exploration au chien, quelle frustration ! Et que dire des odeurs de pots d’échappement à hauteur de truffe et du contact du macadam brûlant sous ses coussinets ?

Apprentissages passés et développement précoce

C’est lors de leurs premiers mois de vie que les chiots vont se construire des bases leur permettant de faire face à un maximum de situations futures. Les comportementalistes parlent de « gestion émotionnelle » ou de « seuil réactionnel », c'est-à-dire la manière dont le chien va s’adapter, plus ou moins paisiblement, à ce qui lui arrive. Idéalement, il faudrait que les 12 à 16 premières semaines aient été remplies de rencontres et d’expériences variées. Et pour cause, plus il aura vécu de situations, plus un individu sera à l’aise en toutes circonstances. Craintif ou sûr de lui, deux chiens ne réagiront pas de la même manière devant un stimulus identique.

Ainsi, avant de se désoler sur les comportements incontrôlables ou tapageurs de son chien en promenade, on peut se demander si cet apprentissage a été correctement réalisé. Si c’est le cas, son agitation peut être le résultat d’une stimulation (interne ou externe) qu’il ne sait pas gérer émotionnellement, ou de la méthode utilisée par le promeneur qui n’est pas adéquate. Dans le cas où l’acquisition des règles n’a pas été faite, il y a lieu d’en reprendre les bases.


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11. Le chien et la laisse

Colliers métalliques, étrangleurs, à pics ou électriques, les industriels de l’animalerie déploient des trésors d'imagination afin de nous vendre les accessoires miracles pour une promenade détendue avec un chien qui marche tranquillement à nos côtés.

Du fait de sa cohabitation avec l’homme, le chien domestique se retrouve de fait privé de liberté. Il ne peut plus se gérer seul, c’est nous qui décidons de son alimentation, son territoire, son couchage, son apparence, les congénères avec lesquels il a le droit de jouer, etc. Lors de votre prochaine sortie, observez les colliers et laisses des chiens que vous croiserez en balade dans la rue avec leurs propriétaires. Ces accessoires de contention et de douleur sont-ils appropriés à celui que nous appelons avec aplomb le meilleur ami de l’homme ?

La fin justifie-t-elle les moyens ?

Il est évident qu’il est plus que pénible de devoir faire du ski nautique derrière le chien qui traîne son propriétaire derrière lui. Certaines personnes se retrouvent déstabilisées, jusqu’à la chute, par leur chien à qui personne n’a appris à circuler calmement. Ce n’est pas pour autant qu’on doit lui faire vivre la douleur pour se venger de ce qu’il nous inflige !

Si vous vous demandez comment faire pour venir à bout de ce problème difficilement supportable, sachez qu’il existe des méthodes éducatives douces, et même des accessoires indolores pour ceux qui n’ont ni le courage, ni l’envie, ni le temps de participer à des séances de dressage.

Conseils de base pour une marche confortable

La première chose à faire est de cesser d’avancer tant que le chien vous tracte. Il fera alors l’apprentissage que sa méthode n’est pas bonne. Il va probablement se déplacer ou reculer d’un pas (comme pour prendre son élan, prenez garde !), pour voir ce que cela suscite comme réaction. Ne vous laissez pas mettre en colère, gardez votre calme.

Dès que la laisse est détendue, vous pouvez vous remettre en marche posément, tout en félicitant votre chien pour son bon comportement. Par exemple, dîtes « C’est bien, doucement ! » afin qu’il associe l’ordre « Doucement » avec une marche apaisée. S’il se remet à tirer, on s’arrête de nouveau, et on ne se remet en route que lorsque la laisse est lâche.

Attendez-vous à ce que cette méthode prenne du temps car votre chien a sans doute acquis une mauvaise habitude que vous voulez lui faire perdre. Rappelez-vous que la base de la pédagogie est la répétition, aussi faites preuve de patience et si vous ne vous en sortez pas, faites appel à un professionnel. Et refusez que l’on brutalise votre animal par un quelconque moyen, sous prétexte qu’il n’y a que cela qui fonctionne, car c’est faux.

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12. Eduquer les enfants

De nombreuses initiatives se multiplient dans les écoles, afin de sensibiliser les enfants sur les comportements à tenir pour éviter de se faire mordre.

Les statistiques officielles montrent que, la plupart du temps, les morsures sur enfants ont lieu avec un chien de la famille, ou de l’environnement proche (voisins, amis). Outre les blessures physiques occasionnées sur la peau infantile, particulièrement fragile, le choc psychologique peut être conséquent pour la victime et pour les parents. La mise à mort du chien est souvent la suite immédiate en cas de dommage sérieux, comme le demandent la loi et la pression sociale.

La prévention comme meilleure chance d’éviter les accidents

Un enfant reste un enfant, l’enthousiasme et l’excitation liés à la présence de la boule de poils le rend souvent inconscient des risques. L’enjeu est tel que la prévention par l’éducation dès le plus jeune âge est une des actions à mettre en œuvre pour éviter les accidents liés à la proximité d’un chien, et pour apprendre aux enfants comment se comporter dans différentes situations.

En général, ils se souviennent généralement bien de ces deux exemples: se mettre en position de la statue quand on a peur d’un chien qui se trouve à côté de soi (ne surtout jamais courir ou crier), et faire la tortue quand un chien s’approche un peu trop rapidement, pour se protéger la tête et les mains.

Apprendre aussi le respect de l’animal

Un autre point que l’on devrait davantage développer dans les établissements serait le respect de l’animal, de ses besoins et de sa réalité. Malheureusement, il est déjà difficile de faire admettre aux adultes qu’un chien a le droit de manger tranquillement, qu’on ne doit pas déranger un animal qui dort, et que les jeux brutaux sont à éviter, alors que dire pour nos enfants ...

Quelquefois encouragés par leurs parents (Qui ne dit mot consent ...), les tout jeunes enfants confondent aisément animal de compagnie et jouet.  Quant aux plus âgés, ils ont vite tendance à vouloir faire preuve d’autorité, donner des ordres, tester les réactions du chien … qui ne se laisse parfois pas agresser de la sorte !

A ce stade, je souhaite faire un rappel, primordial: ne jamais laisser un enfant seul avec un chien.  Car il faut bien reconnaitre que toutes les tentatives pédagogiques en milieu scolaire et périscolaires portent tout leur sens si elles sont suivies et appliquées par les parents au quotidien. C’est donc aux adultes, présents autour des enfants, de veiller à faire respecter les règles de base de prudence et de respect, en toutes circonstances.


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13. Personnes âgées et chiens

Arrivés à l’âge de la retraite, nos aînés auraient, dit-on, plus de temps libre que durant leur vie professionnelle passée.

Dynamiques et actifs, certains humains multiplient les activités, quand d’autres apprécient le silence et la détente. Leurs animaux de compagnie suivent donc la multiplication ou la rareté des variations de leur environnement, au gré des envies de leurs propriétaires, et ce, avec plus ou moins d’aisance. Quoi qu’il en soit, au quotidien, la présence du chien impliquera un minimum de promenades, d’attention, de nourriture et de soins.

Nouveaux repères

Pour les chiens des jeunes retraités, le changement de rythme de vie est moins rude que s’il s’agit d’une personne qui est brutalement privée d’autonomie: se voir consacrer plus de temps met rarement les chiens en inconfort, alors qu’une rupture soudaine dans leurs habitudes peut être mal vécue.

Leur adaptation n’est pas toujours facile, et plus ils sont âgés ou fragiles émotionnellement, ou ancrés dans leurs habitudes, plus nos animaux peuvent avoir des difficultés à s’ajuster. Il peut alors s’ensuivre des perturbations pour eux, au niveau mental, biologique et comportemental, et des déceptions pour les propriétaires qui n’avaient pas non plus vu arriver les évènements.

Désillusions potentielles

Parfois, les comportements de leurs chiens déroutent nos ainés, alors qu’ils avaient l’habitude d’en avoir, depuis toujours. Oui, mais voilà, ce qui était aisé à 30 ans, l’est moins à 60. Quand le terrier remuant amusait par le passé, il devient une charge aujourd’hui, car on n’est plus forcément en mesure de lui proposer les mêmes activités qu'à ses prédécesseurs des années auparavant.

Il arrive aussi que les priorités changent: éloignés des contraintes liées au travail, les retraités souhaiteraient voyager, s’instruire, consacrer plus de temps aux loisirs, et le chien ne peut pas toujours les suivre. Il y a aussi les petits enfants, qu’il doit tolérer coûte que cûute, alors qu’il est parfois l’objet d’attentions mal canalisées. Que de difficultés pour lui aussi !

Heureusement, la relation homme-chien peut être harmonieuse et satisfaisante pour les deux parties: la présence bienveillante, toujours enthousiaste et sans aucun jugement des chiens, remplit de joie les personnes souffrant parfois de solitude … comme celles qui sont très entourées.


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14. Quand petit et grand cohabitent


Peut-il y avoir une bonne cohabitation entre deux chiens de tailles très distinctes ? Comment gérer la situation quand l’un pèse quelques kilos, et l’autre dépasse les 60 ?
Nous nous inquiétons souvent pour nos chiens, de peur qu’ils se blessent par maladresse ou inadvertance. Intervenant de manière intempestive, les séparant très vite avant même qu’ils aient fait connaissance, nous les empêchons de procéder comme ils l’entendent.


Vivre les expériences pour en faire l’apprentissage

On ne dira jamais assez qu’il est indispensable à tout être vivant de vivre les situations pour en faire l’apprentissage. Ainsi, si nous ne laissons pas nos chiens expérimenter des rencontres entre chiens, mélangeant les tailles et les races, on ne leur laisse pas la possibilité d’apprendre à s’adapter. D’autre part, si nous anticipons les risques avant même qu’ils se produisent, nous alimentons notre propre appréhension et l’animal n’a toujours pas progressé !

Attention, il ne s’agit pas de laisser son compagnon seul dans la cour du voisin qui possède plusieurs chiens mal canalisés. Il est évident qu’il faut prendre ses précautions, et encore plus lorsque l’on sait qu’il y a des éléments sur lesquels on n’a aucune prise. En revanche, je propose qu’on laisse la possibilité aux chiens, quand c’est possible, de vivre les évènements à leur manière: contact avec un autre animal, sortie dans un nouveau lieu, cohabitation avec un individu sensiblement différent dans le tempérament et la morphologie, etc.


Des masses corporelles variables

Un petit chien de quelques kilos devra faire l’apprentissage qu’il est difficile de pratiquer un jeu de corps à corps avec son congénère beaucoup plus volumineux que lui. Mais si on lui en laisse la possibilité, il mémorisera qu’il peut partager un jouet, ronger le même bout de bois, prendre place à côté de lui sur le tapis. Par contre, il vaudra mieux qu’il le laisse passer dans l’escalier ou alors, qu’il soit beaucoup plus rapide pour qu’ils ne se percutent pas, car cela ne tournerait pas à son avantage.

Quant au molosse, plus lent du fait de son volume mais plus puissant, il devra savoir gérer sa force et saisir qu’il ne peut pas donner un coup de patte avec la même robustesse si l’autre est un petit toutou, un enfant humain ou un adulte. Les chiens sont parfaitement capables d’ajuster leur force physique s’ils y sont habitués, et cela n’empêchera pas, souvent, le plus petit de prendre le dessus.


Des règles simples

Il faudra s’assurer que chacun ait une possibilité de se retirer dans un endroit tranquille s’il est inquiet ou agacé et veiller à ne pas accorder de privilège à l’un plus qu’à l’autre, sous peine d’engendrer, peut être, un conflit. En fonction des tempéraments, de leurs âges et de la longueur de leur relation, s’ils ont grandi ensemble par exemple, ou si on les fait cohabiter alors qu’au moins l’un des deux est là depuis longtemps, cette habituation prendre plus ou moins de temps.



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15. En vacances avec vous

Votre chien a-t-il conscience que vous êtes en vacances ? Qu’est-ce-que cela change pour lui ? Que l’on parte en voyage ou que l’on reste chez soi, nos habitudes ne sont pas strictement identiques que le reste de l’année. Plus détendus, du moins on se le souhaite, nous sommes aussi moins regardants sur les horaires et d’humeur plus sereine. On consacre un peu plus de temps à son chien puisqu’on est présent, on s’impatiente moins rapidement face à ses comportements qui nous agacent, les balades sont plus longues, on est globalement plus «zen». Fort de ses talents de fin observateur, notre chien le perçoit parfaitement: le quotidien n’est pas le même. 

En cas d’absence du domicile

Ces éléments sont encore plus marqués si l’on quitte son domicile. Qu’on l’emmène avec soi en vacances, ou qu’on le confie à quelqu’un, le déroulement de ses journées changera du tout au tout. Depuis les transports qui seront plus ou moins rassurants, dans le coffre de voiture ou dans sa boîte de transport, jusqu’à la personnalité de son gardien s’il est pris en charge pour un court séjour, et ses règles de vie avec lui ou alors les nouvelles découvertes s’il nous accompagne ... Rien n’est signifiant par rapport à sa vie durant nos périodes de travail, encore plus s’il n’y a jamais été accoutumé auparavant. 

Adaptation et flexibilité 

Heureusement pour lui et pour nous, notre animal mettra en action ses qualités de flexibilité et d’adaptation aux changements. Ainsi, même si l’heure de son repas est légèrement décalée, son lieu de couchage cantonné à un autre espace qu’à la maison, les jeux avec ses propriétaires peuvent être plus nombreux, les sorties à la plage ou en forêt offrent des stimuli inconnus, les rencontres avec d’autres chiens et humains augmentent … et il saura, plus ou moins rapidement, trouver la ressource pour bien vivre ces nouveautés. 

Ne vous étonnez pas si votre chien adopte des comportements inédits, propose le jeu à un congénère, chaparde la viande du barbecue, alors qu’il ne le fait jamais d’habitude … puisque nous ne sommes justement plus «comme d’habitude» ! 

Il prend peu à peu conscience des opportunités à saisir de nos vacances. Selon leurs âges, leurs états de santé, le mode de relation mis en place avec les propriétaires, les habitudes passées et les histoires personnelles, notre meilleur ami nous accompagnera ou nous attendra avec plus ou moins de sérénité. Mais ses capacités d’adaptation sont très importantes, et il saura en user pour passer, lui aussi, de bons moments.

Note: pour bien voyager avec votre Landseer, lire aussi dans le chapitre « Au quotidien »: «En voiture» et «Etre en règle pour voyager avec son Landseer».


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16. De nos désirs ... à la réalité !

Nos chiens répondent-ils toujours à ce que nous attendons d’eux ?
Voici quelques sujets de réflexion qui pourront vous aider à comprendre la réalité du quotidien. 

Faire face à une relation mal prévue

Sans s’en rendre compte, les humains projettent parfois des attentes éloignées de la réalité sur leurs animaux.

Mr et Mme P., retraités depuis longtemps, ont choisi celui qui sera peut-être leur dernier chien: un mignon petit Teckel. Ils l’imaginaient lové dans leurs bras, paisiblement allongé sur leur canapé, marchant tranquillement près d’eux en ville. Malheureusement pour eux, leur chien de 9 mois ne l’entend pas de cette oreille: tout ce qu’il veut, c’est fureter en forêt, suivre des pistes, courir.

Mademoiselle M. a eu un coup de foudre pour un Border Collie qu’elle prévoit d’amener avec elle lorsqu’elle fait du jogging. Le croyant sportif, elle le traîne (littéralement) pour des courses qui l’ennuient énormément. Dès qu’il peut stopper et guetter un mouvement, il se couche et surveille des yeux tout ce qui se passe.

Partant du principe que plus un chien est lourd, moins il a besoin de se dépenser, la famille Z. a choisi un Berger d’Anatolie à la SPA. Sur ce principe, ils le laissent livré à lui-même toute la journée puisque les uns travaillent et les autres sont à l’école. Le chien s’est mis à occuper son temps en aboyant ou détruisant les affaires des propriétaires. Il est maintenant attaché au bout d’une laisse, dans la cour, seul de 8h à 20h.

Manque de réflexion ou mauvaises informations préalables

Ces exemples ne sont pas rares, et les comportementalistes entendent souvent des personnes leur dire qu’elles ne comprennent pas pourquoi ce chien, « si petit, pourtant », ou « si sportif, normalement », ou « si calme, d’après les guides » n’est pas comme ils s’y attendaient. 

N’ayant pas vérifié avant l’achat ou l’adoption les besoins réels de ces races-là, ne s’étant pas suffisamment renseignées auprès du vendeur ou d’autres propriétaires, ou ayant bénéficié de mauvais conseils, elles se trouvent devant une situation difficile à gérer.

La seule manière de faire face: s’adapter

Confronté à de telles problématiques, lorsque le tempérament d’un chien est diamétralement opposé aux souhaits de ses propriétaires, il n’y a pas de solution miracle à proposer: l’humain doit changer d’attitude et adapter son rythme de vie à l’animal. 

Malgré tous les progrès de la génétique, les relations sociales, les aptitudes physiques et cognitives ne se paramètrent pas chez un être vivant. Si le chien n’arrive pas à s’ajuster, ce sera à ses maîtres de faire l’effort de se mettre à son niveau.  On pourra, par exemple, le sortir plus (si c’est ce dont le chien a besoin), l’occuper autrement, lui proposer davantage d’activités et de distractions, quitte à faire appel à des personnes qui pourront soulager les maîtres des contraintes insurmontables. 

Bien sûr, il y a toujours la possibilité de l’abandonner dans un refuge ou le déposer lâchement dans la nature, mais est-ce là une manière de se sortir d’une situation difficile de façon honorable ?

Le chien, source de contraintes … et de joies

Les priorités de chacun étant tout à fait personnelles, elles varient en fonction de notre quotidien, des soucis qui se présentent, des évènements plus ou moins heureux qui jalonnent nos vies. De ce fait, notre vision de la relation avec notre chien peut évoluer sur un éventail d’émotions aussi vaste que de la joie jusqu’au ressentiment.

Côté amertume, il nous arrive de trouver agaçant de devoir sortir le chien alors qu’il fait si froid dehors, qu’il faut d’abord déblayer la neige, bien se couvrir et après la sortie, nettoyer les flaques de glace fondue laissées par les coussinets de Médor. On peut aussi s’énerver de devoir ramasser les poils qui s’éparpillent dans notre habitation, penser à préparer de quoi le nourrir, prendre rendez-vous pour son suivi vétérinaire, l’emmener chez le toiletteur, et ainsi de suite. Que de contraintes pour des humains déjà submergés d’obligations !

Des contraintes, oui ... mais tant de plaisir aussi !

Certes, on pourrait faire preuve de pessimisme et se dire qu’avoir un chien, c’est beaucoup d’embêtements. Mais les vrais amateurs, ceux qui ont fait le choix d’en adopter/acheter un, ou simplement les personnes qui ont déjà eu la chance de partager un bout de vie avec un chien, savent à quel point la relation avec un animal de compagnie nous enrichit et nous apaise. 

Quoi que l’on fasse, il ne nous juge pas, ne nous culpabilisera jamais, ne nous reproche rien. Toujours partant pour une sortie, il se couchera près de vous s’il vous sent triste, posera sa tête sur vos cuisses pour un échange de caresses, vous offrira son regard affectueux et vous suivra aussi loin que possible si vous l’y invitez. 

Saisir le moment présent

Même si c’est vrai, il y a des moments où on regrette de s’être imposé une situation que l’on aurait pu s’éviter, n’oublions pas ces petits et grands bonheurs: ils sont à chérir plutôt qu’à regretter.


Les chiens n’ont qu’un seul maître

Parmi les croyances populaires entendues comme « brèves de comptoir », il y a celle qui véhicule l’idée que seule une personne peut être référente du chien.

Croyant fermement à l’idée que les chiens ne peuvent s’attacher qu’à un seul individu, les autres membres de la famille ne s’investissent pas autant qu’ils le pourraient (ou le voudraient) dans leur relation avec l’animal.

Pourtant, tout le monde est apte à le gérer, dans la mesure de son âge et de sa morphologie, et de sa compétence en la matière. Il est même conseillé de s’occuper du chien à tour de rôle, afin que ce dernier soit familiarisé à toute la famille.

De l’amour pour tous

Le chien est en mesure de recevoir et de donner de l’affection à plusieurs personnes, et non pas seulement à celui qui s’occupe le plus de lui. Avec un jouet ou des friandises qui le mettent en joie, proposez-lui un moment d’amusement et de plaisir: vous verrez que l’attachement du chien est aussi fonction de son intérêt ! Au grand dam de son maître attitré … De même, certains animaux arrivent avec enthousiasme, si on les invite de manière suffisamment attractive, et sans forcément être leur propriétaire.

Adaptabilité

Si la croyance qu’un chien n’a qu’un seul maître était exacte, nos amis quadrupèdes n’auraient pas à mettre en œuvre des stratégies selon le contexte dans lequel ils se trouvent.  Très observateurs, ils sont capables d’obéir à différentes personnes, pour peu qu’elles fournissent des informations qu’ils connaissent. 

De même, en présence d’un membre de la famille, ils agissent d’une autre manière qu’en son absence. Ils savent exactement ce qu’ils peuvent faire, avec qui. Et c’est parfois avec ceux qui ne sont pas « officiellement » les propriétaires qu’ils se comportent le mieux !

Le chien parfait

Chacun a sa propre représentation de ce qu’est un chien bien élevé.

Quel plaisir de croiser un chien bien dans sa peau ! Agréable, jovial et joyeux, à l’aise en toutes circonstances, il sait se tenir calmement en société et accompagne ses propriétaires partout où il est possible d’emmener son chien. Il ne vocifère pas toute la journée, n’agresse pas les passants ou les autres chiens, ne creuse pas de trous dans le jardin, ne fugue pas, ne poursuit pas les voitures ou les cyclistes, supporte les enfants, respecte les meubles de la maisonnée … 

Cela ne se fait pas tout seul

Un bon comportement n’est pas inné. Les maîtres doivent donner de leur temps et mettre leur motivation en action pour familiariser leur chien à tous types de situation, le dresser avec patience et bienveillance, lui procurer les sorties dont il a besoin.

Il est aussi important que le chien apprenne que les humains sont sympathiques et agréables à côtoyer, que les autres chiens sont des partenaires de jeux ou de promenades formidables, et c’est à travers des expériences favorisées par les propriétaires qu’il en fera l’apprentissage. 
S’il doit cohabiter avec d’autres espèces, comme les chats, les rongeurs ou les oiseaux en cage, il faudra lui faire connaitre dès son plus jeune âge, afin que l’imprégnation se fasse le plus précocement et durablement possible. 

Un bon comportement à entretenir quotidiennement

Une fois que le chien est enfin mature, il faudra entretenir ses bonnes attitudes, tout au long de sa vie. Croire que l’on est arrivé au bon résultat, que c’est définitif et durable, que l’on est sorti des tracas de la croissance du chiot en plein devenir, et s’arrêter là, serait une erreur. Le chien parfait n’existe pas, il l’est parce qu’on l’y a aidé, ou pas. Mais, à vrai dire, le maître irréprochable non plus …


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17. Quel cadeau offrir à son chien pour Noël ?

Il y a plus d’un propriétaire de chien qui compte faire un cadeau à son animal pour les fêtes. Mais comment savoir ce qui lui fera vraiment plaisir ?

Les sites Internet regorgent d’idées pour faire plaisir à son chien. Entre le panier molletonné, les croquettes enrichies des meilleurs composants, les jouets incassables, les colliers de toutes les couleurs et textures, les laisses et les accessoires de toilettage, les idées foisonnent.

On peut se demander comment notre chien appréhende la situation, lui qui est la plupart du temps, simple spectateur de toute cette agitation. Il est soumis à tant de stimulations sensorielles qu’il y a de quoi avoir la tête qui tourne: les odeurs, les sons, les paysages changent autour de lui, et c’est parfois bien difficile de résister à toutes les tentations. Telle la bonne odeur de cannelle et de pain d’épices qui lui parvient mais à laquelle il ne peut pas céder. Il ne consommera ces gourmandises que si son propriétaire est d’accord. Pourtant ce serait là un bien agréable présent !

On peut s’interroger sur l’importance que cela peut avoir, pour un chien, d’être paré des plus beaux manteaux ou de se lover dans une épaisse mousse de tissu ... Certes, la protection contre les intempéries est nécessaire et le confort d’une couche capitonnée agréable, mais son bonheur ne dépend pas que de cela.

Alors, quel est le cadeau idéal ?

Un cadeau est généralement la marque d’affection que l’on porte à quelqu’un, mais Médor va-t-il se rendre compte de l’amour qu’on lui voue au travers du présent qu’on lui fait ? Peut-être qu’une promenade dans un lieu inhabituel, un jeu plus long, une partie de cache-cache dans la nature, le ravira davantage qu’un don sans grande part affective. Il est même possible que pour lui, un peu de temps à vos côtés vaille plus que tout l’or du monde.

Si cela vous agréée d’acheter un jouet (ou de fabriquer de vos mains un objet, c’est aussi bien si c’est sécurisé !), ne vous bridez pas mais sachez simplement que quels que soient vos moyens et le montant de vos dépenses, votre chien mesure votre attachement au travers de vos comportements, en premier lieu. Nous vous suggérons une idée qui vous procurera à tous deux beaucoup de joie pour Noël pour peu de frais: donnez-lui du temps !


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18. Un petit jeu pour Noël

En ce jour de fêtes, nous vous proposons un petit jeu à faire en famille: les enfants, les parents et les grands parents peuvent tous participer, et même les invités qui n’ont pas de chien chez eux.

L’objectif du jeu est d’approcher la réalité canine, durant quelques minutes. Il n’y a rien à perdre, rien à gagner, juste des fous rires et des prises de conscience à faire en groupe, un moment à passer ensemble.

Attention, il y a tout de même une condition: il faudrait avoir un animal à proximité !

Déroulement du jeu

Au tout début, il faut regarder où est le chien et se demander ce qu’il peut vivre à ce moment précis. Il y a interdiction de le toucher, l’appeler, le déranger ! On doit développer son sens de l’observation et de l’imagination. On parlera de ses émotions possibles, de son comportement, des motivations éventuelles qui dictent sa conduite à ce moment-là.

S’il est en train de ronfler profondément dans son panier en agitant les pattes, on dira qu’il est en train de dormir et de revivre un moment de sa journée. On pourra même avancer le sujet de son rêve, à condition qu’il ne soit pas trop absurde, sinon les autres participants ont le droit de remarquer que cette probabilité est réduite à … zéro ! N’oubliez pas, il faut voir le monde au travers des yeux du chien, et non pas reporter nos conceptions sur lui: on ne peut donc pas dire qu’il est en train de se faire gronder par son professeur de mathématiques, mais pourquoi pas, qu’il joue avec son compagnon de jeu comme il l’a fait le matin même durant sa promenade.

Si le chien est en train de ronger un os qu’il a reçu en ce jour spécial, on peut se demander ce qu’il ressent au moment où on le voit: du plaisir, de la reconnaissance pour ses maîtres, de l’ennui à manger encore un os en peau de buffle alors qu’il y a tant de délices sur la table de ses maîtres ? Chaque participant propose à tour de rôle son idée …

Pour compliquer les choses

Une fois que l’inspiration des joueurs est arrivée à son terme au sujet de la situation présente, on passe à une étape supplémentaire, en se projetant sur les autres circonstances de la vie de cet animal.

Voici quelques suggestions :
Qu’est-ce que cela fait de marcher à quatre pattes, que voit-il autour de lui lorsqu’il passe du salon à la cuisine, du couloir à l’extérieur ?
Que peut-il ressentir lorsque le facteur passe devant la maison, ou quand on sonne à la porte ?
- Qu’est-ce que cela lui fait, de rester à la maison quand nous partons au travail ou à l’école ?
Qu’est-ce qu’il éprouve lorsque l’on croise son ennemi juré (ou son copain de jeu) en balade ?

A chacun de faire preuve d’imagination, l’essentiel est de voir les choses avec des yeux de chiens et de ne pas projeter sur lui nos affects d’humains. Le jeu se termine lorsqu’il n’y a plus de propositions d’interprétations sur les situations selon la réalité canine.

Bon amusement à la (re)découverte de votre chien, et très bonnes fêtes de fin d’année !


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19. La place du chien dans la société actuelle et sa communication avec les hommes 


Les chiens dans les sociétés modernes



Depuis quelques années maintenant, une nouvelle tendance voit le jour dans nos relations à nos animaux, surtout dans les sociétés modernes … et riches.



Alors que dans le temps (pourtant pas si lointain), les chiens vivaient à l’extérieur de l’habitation et avaient des rôles essentiellement utilitaires, à présent tous les excès sont permis. La relation où chacun avait sa place s’est transformée en une dépendance affective réciproque, et l’on constate des comportements allant jusqu’à l’absurde.

Depuis le chien qui dort sous la couette avec ses propriétaires (admettons), à celui qui a droit à une coupe régulière chez le toiletteur (indispensable pour de nombreux chiens) jusqu’aux toutous américains sous antidépresseurs, ou disposés précautionneusement sur des coussins en satin, toutes les dérives sont à présent accessibles pour quelques dizaines d’euros.

De nouveaux concepts étant inventés chaque mois, ces tendances à l’humanisation de l’animal ne tournent pas toujours en sa faveur. Le chien traité comme une personne (voire mieux) se mettra à avoir des comportements que l’on trouvera désagréables, et qu’on voudra supprimer par tous les moyens, alors que l’humain a grandement contribué à les créer.

A l’autre bout du monde …

Au même moment, dans certaines zones de l’Australie, à Katmandou, en Afrique et quelques pays de l’Amérique du Sud, dans les pays dits pauvres ou en voie de développement, les chiens errants, complètement sauvages ou en semi liberté, luttent pour survivre. Ils ont parfois l’aide des habitants ou des associations de sauvetage qui les nourrissent, leur apportent un abri ponctuellement. Mais la plupart du temps, ils sont ramassés par les fourrières et jetés aux oubliettes (dans le meilleur des cas), voire massacrés par les esprits malins, que personne ne punira puisque les animaux vagabonds n’ont pas de statut.

Si on racontait aux populations locales qu’ailleurs dans le monde, ces chiens pouilleux seraient toilettés, parfumés, habillés et logés dans des paniers de luxe ... Ils en riraient. Ou s’en désespéreraient. Dans une époque où la mondialisation est valorisée, les mœurs des humains envers leurs animaux restent encore bien subjectives. Et si nous les laissions s’exprimer maintenant …

Ce que nous savons d’eux

Les scientifiques sont loin d’avoir exploré toutes les pistes sur les capacités cognitives de nos chiens, mais certains faits sont avérés.

Les chiens sont capables de se mettre en joie au moment où nous les invitons à jouer, ou tous petits lorsque le volume sonore et les mouvements ou agitations augmentent autour d’eux. Ils changent de comportement quand les situations qu’ils vivent les déstabilisent ou les inquiètent. Grâce à leurs capacités bien plus développées et mieux utilisées que les nôtres, ils arrivent à percevoir et, parfois, anticiper les émotions de leurs propriétaires.

Perception, mémorisation, discrimination …  

Les chiens peuvent aussi faire la différence entre ce qui nous fait plaisir et ce qui nous contrarie. Ils adaptent d’ailleurs leurs attitudes en fonction des nôtres. Ils mémorisent un grand nombre d’informations, qu’ils stockent dans leur répertoire comportemental et qui découlent des expériences qu’ils ont vécues depuis qu’ils sont nés.

Ils peuvent connaître des situations de conflits internes qui les poussent donc à prendre des décisions. Par exemple, si vous présentez en même temps à votre animal de la nourriture de qualité moyenne et son jouet préféré, il devra faire un choix. Cet exercice mental n’est pas accessible à tous les animaux.

Communiquer avec les hommes

Ils savent de quelle manière s’y prendre pour nous faire réagir. Les propriétaires qui se précipitent pour sauver le chausson chapardé par le chien comprendront à quel point nous sommes prompts à bondir lorsque l’animal s’adonne à certains comportements. Ils essaient de communiquer avec nous, de faire passer des messages par le regard ou la posture corporelle. Malheureusement, ne maîtrisant que partiellement la communication canine, nous n’en saisissons pas toujours les nuances. Ils adaptent leurs conduites en fonction de celles de leurs vis-à-vis : s’ils sont menacés, ils vont fuir ou se défendre, parfois attaquer. Si on fait mine de leur lancer une balle, ils s’apprêtent à bondir.

Au vu de cette description non exhaustive, on comprend pourquoi le chien est parfois considéré comme un membre de la famille … Cela nous semble évident et, pourtant, l’acceptation scientifique que les chiens ressentent des émotions est assez récente.

Il vous parle !

Votre chien sait se manifester quand il attend quelque chose de vous.

Nous savons que les chiens ont un répertoire comportemental étendu lorsqu’ils veulent échanger des informations avec leurs congénères. Au moyen de signaux sonores (aboiements, gémissements, halètements, …), visuels (postures, mimiques, regards), olfactifs (traces d’urine et de selles, phéromones, …), et tactiles (contacts avec leurs pattes ou leur museau, …), ils émettent des messages et expriment des émotions qui entraînent une réaction de leur entourage. Ces indices sont bien décodés par leurs congénères qui ont pu les apprendre dans les premières semaines de vie.

Il peut également le faire avec l’humain

Tout propriétaire a fait l’expérience du chien qui se positionne devant lui quand il cherche à obtenir de l’attention, qui amène sa laisse quand il voudrait sortir, qui regarde tour à tour le visage de son maître et le placard où est rangée sa nourriture. Et généralement, cela fonctionne: son humain réagit.

Il s’agit là de communication référentielle, où un émetteur désigne, par un canal sensoriel, quelque chose à un récepteur, et ce dernier traite correctement l’information (puisqu’il y répond en ajustant son comportement).

Quel bel exemple de capacité cognitive de la part des chiens, que de pouvoir échanger avec l’Homme ! Nous ne sommes pas aussi doués que lui, pour nous adresser à une autre espèce que la nôtre.

Adapter ses codes à l’humain

Pour en arriver à cette qualité d’échange avec nous, notre meilleur ami a su mettre en œuvre d’incroyables talents d’adaptation. Il a fait l’apprentissage – en plusieurs siècles de domestication – qu’il lui fallait modifier son répertoire comportemental pour réussir à nous faire comprendre ce qu’il attendait de nous. Quand un simple échange de regard suffit à faire se déplacer un autre chien, ce coup d’œil n’est absolument pas suffisant pour que son propriétaire saisisse ce dont il est question. Pour nous faire bouger, Milou doit donc, soit venir nous chercher et se positionner devant nous, soit amener un objet, soit nous tirer, nous pousser, nous regarder fixement, et insister.

Grâce à tout ce que le chien a appris en vivant à nos côtés, il est devenu capable de minimiser ses comportements parce qu’il a appris que nous ne voulions pas de certaines choses (uriner n’importe où par exemple), ou les maximiser parce qu’il sait que nous ne réagirons pas autrement (en aboyant vigoureusement).

Qui a dit que les chiens n’étaient pas intelligents ?



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20. Mon conjoint ne veut pas de chien
 
Vous avez très envie d’accueillir un chien dans votre foyer, mais votre conjoint n’est pas du même avis ? Voici quelques éléments de réflexion. 

Il n’est pas judicieux d’enjoliver la réalité juste pour faire peser la balance de votre côté, si c’est vous qui avez envie d’un chien. L’accord obtenu de la sorte ne serait pas tout à fait une décision mûrement réfléchie mais un choix effectué à partir d’informations partiellement délivrées. Et, tôt ou tard, ce genre d’acceptation se retourne contre ses auteurs …

A savoir

Chaque chien a son caractère propre qui ne correspond pas forcément à ce qu’indique la fiche technique de la race. Dans tous les cas, même avec un chien croisé, plusieurs engagements seront nécessaires. Ce que votre partenaire appelle peut-être, judicieusement, des « contraintes ».  

Il est vrai que les plus fortes envies, les rêves ruminés parfois pendant des années, peuvent être malmenés par des considérations plus terre-à-terre. Il faut un budget pour couvrir les frais du quotidien (nourriture, équipement de base, soins vétérinaires) et les dépenses exceptionnelles (assurances, intervention en cas d’accident, cotisation dans un club ou une association sportive, gardiennage durant les vacances, etc.). Un chien doit être promené tous les jours, éduqué, rendu sociable avec ses congénères et avec les humains. Il a besoin qu’on lui consacre du temps, qu’on lui propose des activités d’occupation mais aussi sportives, selon sa nature et son âge. Ses poils peuvent sentir fort ou tomber sur vos tapis, ses pattes sales de retour de sortie sous la pluie laisseront des traces sur votre beau parquet, bref le chien est susceptible de poser problème en terme d’hygiène dans la maison et de modification du quotidien.

Avoir conscience de la réalité

Peut-être votre conjoint récalcitrant a-t-il lui-même (a-t-elle elle-même) conscience de tous ces paramètres et c’est ce qui le (la) fait reculer. Il est bon de se demander si, par hasard, compte tenu de votre mode de vie, ce ne serait pas lui (ou elle) qui aurait raison…

Quel que soit le choix final, prendre un chien ou pas, il y aura des frustrations avec lesquelles l’un des partenaires devra composer. 


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21. Rentrée scolaire: le chien n'apprécie pas forcément

Pour les heureux chiens qui ont profité de la présence de leurs maîtres durant les vacances d’été, il est possible que le retour aux journées de travail de leurs maîtres, donc à leurs absences, soit déstabilisant.

Des promenades de 3 heures d’affilée, un panier douillet, une gamelle remplie, de beaux jouets, cela lui convient et c’est agréable, mais ce n’est pas ce qu’il affectionne le plus.
 
Non, ce que préfère votre chien, c’est ne pas être seul. Lorsque l’on est en vacances, on est plus détendu, davantage présent, voire prévenant. C’est cela qui l’apaise car comme pour tout mammifère social, c’est la vie en groupe qui prime. La présence d’un autre individu de la même espèce ou d’une espèce « amie » comme l’Homme, lui procure calme et harmonie, distraction, parfois confrontation. Telle est la vie en société.

Changements d’habitudes, à nouveau


Ainsi, si vous devez renouer avec le chemin du travail ou de l’école, n’oubliez pas de prendre en considération le fait que votre meilleur ami risque d’en ressentir les effets collatéraux.
 
Deux mois auparavant, il a dû changer de rythme pour profiter davantage de votre présence, mais c’était pour son grand plaisir. Il s’agit aujourd’hui de l’effet inverse: il doit réapprendre à se gérer tout seul. La plage, les promenades, les odeurs nouvelles et variées grâce aux changements d’environnement, les jeux en famille, … sont reportés aux prochains congés.

A chaque saison ses plaisirs

Votre animal a toujours besoin de distractions pour enrichir son quotidien, alors soyez imaginatif ! Les séances de bronzage sur un transat peuvent être remplacées par la sieste sur le canapé avec votre Landseer à proximité, les parties de foot à l’extérieur continuent tant que le temps le permet, les balades au grand air sont encore possibles les fins d’après midi après le travail et les fins de semaine.
 
Et puis, pour lui permettre à nouveau de vivre sereinement la solitude de la journée, on le préparera progressivement pendant les derniers jours des vacances à ne plus accompagner toutes nos sorties ou à nous suivre partout au sein de l’habitation, on évitera de le garder sans cesse à côté de nous et on raccourcira les moments de caresses. Et tout cela, dans l’objectif de l’aider à réintégrer les rythmes de la famille le mieux possible.

Bonne rentrée !


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22. Il est déstabilisé


Du fait des conditions de vie fluctuantes des humains, les chiens peuvent être déstabilisés. Un changement de travail pour son maître, un déménagement, une séparation du couple des humains qui en ont la garde, le départ d’un jeune adulte à qui il était très attaché, un décès, etc., entraînent aussi un nouveau rythme de vie pour le chien.


Quand les personnes autour de lui évoluent, son environnement diffère, ses repères spatio–temporels sont bouleversés, ses habitudes varient et, logiquement, il en est perturbé.



Conséquences possibles



Les conséquences peuvent être perçues à plusieurs niveaux:


  • Mental: il peut ressentir de l’angoisse, du stress, de l’inquiétude.
  • Biologie: difficultés à s’alimenter ou, au contraire, voracité, perte de poils, éliminations émotives. L’angoisse rejaillit sur la santé, le corps aussi manifeste son malaise: le chien n’échappe pas à cette règle.
  • Comportements: sa réactivité peut être perturbée; apathique ou, au contraire, surexcité, il peut se mettre à commettre des destructions (alors qu’il ne le faisait pas avant), à émettre des manifestations sonores, à monter sur le lit ou le canapé, etc.



Comment l’aider ?



Quelques mesures de précaution peuvent faciliter l’adaptation à sa nouvelle vie, l’objectif étant que la gestion du changement par son (éventuellement nouveau) référent rassure le chien. Les règles de vie qui changent doivent être mises en place en douceur, mais être claires.



Il faudra d’abord définir l’endroit où il se nourrit, un autre où il se repose, un lieu où il reste confortablement durant l’absence de ses gardiens.



Ensuite, on lui consacrera du temps à la manière de ce que l’on faisait avant le changement d’organisation quotidienne. S’il était beaucoup promené, il est nécessaire de lui procurer le même temps d’exercices qu’auparavant. A l’inverse, si on veut augmenter les temps de sortie, il faut procéder progressivement, en allongeant petit à petit le temps à l’extérieur.



S’il parait un peu apathique, on lui proposera davantage de parties de jeux, de contacts affectifs, d’activités. Il faut le distraire !



Enfin, c’est la nouvelle organisation, à laquelle tout le monde doit maintenant se plier, qui fera qu’il s’adaptera dans la durée, comme vous d’ailleurs. Malheureusement, son âge et son état de santé, sa gestion émotionnelle et son tempérament, lui dressent un profil réactionnel plus ou moins « adaptable ». Le temps fera son œuvre avec plus ou moins de rapidité. 



La douceur, la bienveillance et la compréhension que vous lui offrirez faciliteront les choses.

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